Le rossignol de l’empereur
de Chine, Zao
d'après le conte d'Andersen
pour tous publics à partir de 6 ans / durée 1 heure
On a beau être empereur, on n’en est pas moins seul ni plus heureux ! C’est donc de cela dont il est question dans le conte d’Andersen. Le chant d’un oiseau vivant et non pas mécanique, suffit à animer la vie d’un être.
Le secret du bonheur réside dans la simplicité et le naturel. Il ne peut être ébruité. Il ne peut être artificiel. Quant à la possibilité d’être heureux, elle est souvent toute proche. Il suffit de regarder dans son jardin. Il suffit d’être attentif, vigilant.
Ce conte ne parle pas de bons et de méchants. Il parle de la faculté à être heureux, ce qui est à la fois très simple et très complexe mais constitue notre principale activité.
Ici, pas de fée, de sorcière, ou d'ogre : un petit rossignol émerveille par son chant, signe d'une liberté inconnue des personnages de l'histoire, qui finissent par lui préférer un oiseau mécanique, petite machine plus contrôlable. Quand le jouet est cassé, le malheur s'abat sur le petit monde ingrat du palais de l'empereur Zao.
Mais un jour... Ce joli conte dialogué, d'après Andersen, pose la question de notre goût pour la machine parfaite au détriment du vivant, si fragile et d'une certaine aptitude au bonheur.
Pour en parler aux enfants et aux plus grands, les créateurs de Daru jouent avec des marionnettes inspirées d'images chinoises anciennes une bande dessinée marionnettique, drôle et poétique.
Production Compagnie Daru-Thémpô
Texte et mise en scène : Nicole Charpentier
Mise en scène et marionnettes : Christian Chabaud
Musique, espaces sonores, lumière : Philippe Angrand
Assistant de réalisation : Nicolas Charentin
Avec : Philippe Angrand, Christian Chabaud, Nicolas Charentin
Parmi les cent cinquante six contes d’Andersen, la compagnie Daru a choisi d’adapter ce conte exotique, émouvant et gai à la façon d’une bande dessinée marionnettique, inspirée par l’iconographie populaire chinoise des XIXe et XXe. Un petit bijou d’esthétisme et de poésie.
Dans le palais de l’empereur Zao, les jours s’écoulent paisiblement au fil des saisons. Mais un jour le chant pur et mélodieux d’un rossignol vient bouleverser la vie de la cour. L’empereur est captivé par la beauté de ce chant qui touche le cœur. Il verse une larme, comme un diamant pour le rossignol, qui, honoré, accepte de rester au palais et de chanter pour lui. Le rossignol, petit passereau aux couleurs ternes, est adulé, il devient une star. Jusqu’au jour où un automate serti de pierreries est offert à l’empereur.
Sa mécanique répétitive est inépuisable, le rossignol est banni. Mais le robot finit par s’enrayer et explose, la médecine est impuissante devant ce genre de « maladie ».
Sans le chant divin du rossignol, le malheur s’abat sur le palais. L’empereur se meurt rongé par le remords. Dépourvu d’amertume, le rossignol céleste revient chanter aux fenêtres de Zao, la vie reprend. Quelque part un chant d’oiseau, libre, s’en va, s’en vient… Car comme le conclut l’histoire « On ne peut pas vivre sans un petit oiseau dans sa tête ».
L’empire du vivant. Alors que la pièce célèbre le vivant et la victoire du rossignol de chair et de sang sur la machine, Daru nous démontre une fois de plus la toute puissance de l’art marionnettique. L’objet dédié, lorsqu’il est animé de mains expertes et sensibles prend vie de façon quasi métaphysique et saisissante de vérité.
Trois comédiens pour une dizaine de marionnettes : l’empereur Zao imposant par sa taille et les ministres, le chambellan et la servante Li, pantins articulés manipulés à la table.
L’empereur est une marionnette immense dont les faibles hochements de tête et mouvements de bras expriment un certain immobilisme, voire conservatisme.
Les ministres sont les « pantins » de ce pouvoir, et si leurs mouvements sont plus libres, ils sont en réalité enfermés dans la rigueur du protocole et terrifiés par ce monarque qui menace de leur « marcher sur le ventre » à la moindre défaillance.
Témoins en sont leurs mains et leurs visages aux traits figés et leurs profils pivotants qui n’offrent que deux alternatives émotionnelles. Leur voix et inflexions accentuent leur caractère et leurs défauts, qui, marqués à l’extrême les rendent irrésistiblement drôles. Par opposition, les différentes marionnettes utilisées pour le rossignol sont empreintes d’une fluidité de mouvement connotant sa liberté d’agir et de chanter. Celle de la servante Li, dont le visage est une reproduction estampe chinoise du XIXe, est un ravissement.
Quatre paravents coulissants, en lisière de scène, dansent et construisent les différents épisodes de l’histoire. Ils offrent également de magiques instants de théâtre d’ombre, art dans lequel Daru excelle. La poésie éclate dans ces moments de grâce où la musique et l’image prennent tous leurs droits.
L’esthétisme de ce spectacle – mis en exergue par une musique épique et exotique faisant résonner gongs et cymbales (signée Philippe Angrand) – porte l’émotion de l’intrigue théâtrale au service de cette fable morale du XIXe siècle, à la fois épique, exotique, intime et symbolique faisant étrangement écho à la vie moderne et au remplacement quasi systématique de l’humain par la machine. A l’instar de la mélodie enchanteresse de l’oiseau céleste, cette pièce touche l’esprit et les sens .
Magali Fabre - Theatrorama.com
Un spectacle qui interroge sur le vivant, éphémère et aléatoire et sur le matériel artificiel qui donne l'illusion. Poétique, drôle, serein et superbe.
Le Courrier Picard
La compagnie Daru porte loin et haut cet art ancré dans la tradition mais, en même temps, si contemporain.
Le Républicain
Ici, se mêlent avec bonheur beaucoup de techniques de marionnettes : gaine, tringle, manipulation à vue. Et la partie d'ombres est remarquable.
L'Ardennais (Festival Mondial de Charleville-Mézières)